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La SAS Simon s’attaque à l’international avec l’ESP, l’écran stop postillons

La SAS Simon située à Avallon fabrique depuis le 19 mars des ESP Écrans Stop Postillon lavable pour lutter contre la transmission de la COVID.

La SAS Simon s’attaque à l’international avec l’ESP, l’écran stop postillons

La SAS Simon s’attaque à l’international avec l’ESP, l’écran stop postillons

Le début de cette histoire peu banale pourrait ressembler à une devinette : mon premier est une innovation, mon second relève de la RSE, je suis rentré dans mon 3e en plein confinement, et mon tout est d’actualité depuis lundi 20 juillet.

Christophe Bertrand est le président de la SAS Simon qui fabrique des emballages et des produits de communication 100% français, à Avallon, Yonne, Bourgogne Franche-Comté. Sans aller jusqu’à devenir un must have, le système de protection anti gouttelettes et postillons conçu pendant le confinement pourrait bien contribuer à mieux faire connaître la valeur ajoutée qu’il apporte aux autres produits de l’entreprise,  porte cartes, porte chéquiers et autres étuis en PVC, avec de la matière qui ne casse pas et des soudures qui n’explosent pas au bout de quelques manipulations.

Quand il détaille les 3 atouts majeurs de l’entreprise qu’il a rachetée en 2017, c’est un peu comme s’il donnait la recette d’une équipe qui gagne. « Innovation, RSE (responsabilité sociale de l’entreprise) International, sont nos 3 piliers de développement, répète-t-il inlassablement. L’international sera un accélérateur ; l’écran stop postillons est universel. A présent, le challenge est commercial», explique Christophe Bertrand. Il revient sur ce déclic improbable qui a fait germer l’ESP.

C’est l’histoire d’un gendarme qui porte son masque à la ceinture

Le pilier international, le plus récent des 3 piliers, a pointé son nez le 19 mars au soir lors d’un contrôle routier. La veille, Christophe Bertrand a dû mettre l’usine en chômage partiel « pour protéger les salariés, alors qu’on avait plein de commandes ». Lorsqu’il présente son autorisation de circuler, il s’étonne que le gendarme porte son masque à la ceinture et non pas autour du nez et de la bouche. « Nous ne devons pas effrayer les gens, ordre de la hiérarchie. » répond le représentant de la maréchaussée.

Face à un tel paradoxe, et tandis que la radio diffuse en boucle des informations sur les modes de contamination et sur la pénurie de masques, le président de Simon rentre chez lui, perplexe : « Je veux aider ce gendarme, se dit-il, je veux trouver une solution pour le protéger sans effrayer la population ; le produit doit pouvoir être fini en un seul coup de presse pour pouvoir en fabriquer des millions le plus rapidement possible, sans déchets, avec une empreinte carbone la plus faible possible ; il sera frugal en énergie lors de la fabrication…»

La SAS Simon est signataire du Global Compact des Nations Unies

C’est en effet la marque de fabrique de la SAS Simon nouvelle version: moins de matière pétrosourcée, matière recyclée, chutes triées (photo), éco-conception pour améliorer l’impact des produits sur l’environnement, respect de l’être humain qu’il soit salarié, fournisseur, ou client… et des prix qui restent compétitifs par rapport à ce l’on trouve habituellement sur le marché. La recette parait savoureuse, à tel point que la SAS collectionne trophées et labels prestigieux ; elle est aussi signataire du Global Compact des Nations Unies, https://unglobalcompact.org/what-is-gc/participants/122171 

« J’ai dimensionné le produit pour vendre 20 millions de pièces, j’en ai vendu 20 000… »

C’est ainsi qu’en plein confinement, Christophe Bertrand se retrouve à l’usine à faire des tests pour trouver la bonne formule avec des partenaires réactifs et une micro poignée de salariés volontaires dont Carlos Batista-Mendes, chef d’atelier et Jean-Baptiste Duban, responsable de l’atelier de soudure.  L’outilleur lui fabrique l’outillage prototype en 4 jours, le cabinet de dépôt de brevets met le turbo, le fournisseur de matière met au point une sorte de PVC médical non allergisant conçu pour le contact avec  la peau.  Après de nombreux ajustements, l’équipe arrive à sortir un produit qui tient la route, accessible financièrement (450 € HT les 1000), sous lequel on peut respirer, et qui n’altère pas la voix. Il peut se laver 30 fois à l’eau et au savon, comme on le fait avec les mains ou les lunettes. Cette protection étant entièrement transparente, elle est également compatible avec les enfants et les personnes autistes;  elle permet aussi aux sourds et malentendants de lire sur les lèvres de leurs interlocuteurs.

Christophe Bertrand avec Carlos Batista-Mendes, chef d’atelier et Jean-Baptiste Duban, responsable de l’atelier de soudure.

Gouttelettes et postillons demeurent les principales sources de contamination

Mais, car il y a un mais, l’écran éco-conçu et fabriqué par la SAS Simon n’entre dans aucun cadre normatif existant à ce jour. Ce n’est pas un masque chirurgical, ce n’est pas non plus un masque répondant aux normes AFNOR, qu’il soit en tissu lavable 10 fois ou bien à usage unique et jetable, ce n’est pas non plus un EPI, écran de protection du visage… « J’ai frappé à toutes les portes. Les CCI et l’AER BFC sont les seules à nous avoir soutenus », se souvient Christophe Bertrand. La CCI BFC et la CCI 89 lui ouvrent leur  réseau, elles l’aident à commercialiser l’ESP, en France, mais aussi outre Atlantique.

« La CCI m’a aidé à retrouver mon chemin face au périmètre normatif tellement complexe… Avec l’ESP, on aurait pu sauver des vies dès le début du mois d’avril, car on est certain de bloquer les postillons et de ne pas se toucher la bouche et le nez… Ce sont les principales sources de contamination, n’est-ce pas ? », regrette cet Alsacien d’origine.

Un patron atypique, qui dit « nous » plutôt que « je »

Quel est le moteur de ce patron au parcours complet, un Centralien qui touché « un peu à toutes les sciences de l’ingénieur », complété par un MBA de management pour la finance, le marketing, le commercial et la culture internationale ? A quoi carbure ce professionnel discret qui a travaillé dans plusieurs entreprises de plasturgie, à la fois des PME et des grands groupes français ? Pourquoi avoir quitté « des postes valorisants, passionnants et enrichissants » où il gagnait « trois fois plus » que dans son entreprise actuelle ? Quel est l’engagement de ce patron atypique, qui dit « nous » plutôt que « je », qui a racheté Simon « avec ses économies et une participation BPI France », dont il est membre du Team Excellence ?

Les clients sont parfois les meilleurs ambassadeurs des produits Simon

Le développement de l’entreprise « dans une démarche d’économie circulaire » est probablement la réponse. Le nouveau boss a su à la fois conserver les fondamentaux de l’entreprise familiale Simon, et apporter un plus aux produits. Il a conservé la crème du savoir-faire et de la réputation de la société créée en 1962; il a gardé le meilleur des êtres humains, la performance et les compétences des 16 salariés pour lesquels il a une grande estime ; il a entretenu la confiance avec les prestataires, les fournisseurs, il a misé sur la solidité du portefeuille de clients, parfois ses meilleurs ambassadeurs : « Pour la 1ère fois cette année, certains ont accepté de communiquer sur l’éco-responsabilité, la RSE, le made in France »  dit-il, preuve à l’appui en montrant la bonne nouvelle imprimée en numérique sur des étuis bancaires.

En croisant les doigts, il conclut : « L’entreprise allait vers une érosion fatale et grâce à l’innovation, à la RSE, elle a su rebondir ».

Pour en savoir plus sur les produits, les trophées, la démonstration du port du masque, et tutti quanti : www.simon-et-cie.com